Noah Edjouma a fait toutes ses classes sous la tunique violette, de l’école de foot jusqu’à l’obtention de son premier contrat professionnel. Si sa morphologie lui a parfois fait défaut, le talent et le potentiel du natif Clamart ont finalement eu raison de son destin. Entretien.
Noah Edjouma : « Marquer sur mes premières minutes en Ligue 1 McDonald's, c'était quelque chose de magique »
Publié le 11/04/2025 à 15h41
Modifié le 11/04/2025 à 15h46
Arrivé au TéFéCé alors qu’il n’avait que huit ans, Noah Edjouma a fait toutes ses classes sous la tunique violette, de l’école de foot jusqu’à l’obtention de son premier contrat professionnel. Si sa morphologie lui a parfois fait défaut, le talent et le potentiel du natif de Clamart ont finalement eu raison de son destin. Entretien avec l’ailier de 19 ans qui s’est livré avant la réception du LOSC samedi soir. J’ai grandi en Île-de-France, dans les Hauts-de-Seine, à Clamart. Alors que je n’avais que 4 ans, toute ma famille a d’abord déménagé dans le Tarn à Lavaur. C’est là-bas que j’ai fait mes premières classes. Ensuite, j’ai passé des tests à Toulouse et nous avons de nouveau déménagé pour que ce soit plus simple pour mes proches et moi. Mon père m’a initié dès le plus jeune âge au football. Quand j’étais petit, il m'amenait au terrain. J’ai aussi un grand frère de 28 ans qui est joueur professionnel oui. C’est une source d'inspiration pour moi, un vrai plus. Il a joué un rôle dans mon évolution, de mes années en formation à aujourd’hui. On s’appelle souvent pour faire ensemble des retours sur mes matchs avec les professionnels. Grâce à son expérience du haut niveau, il peut m’encadrer et me donner de précieux conseils. NDLR : Passé par le centre de formation du Toulouse FC entre 2007 et 2011, le grand frère de Noah, Malcom Edjouma (1er rang debout - 3ème en partant de la gauche) a ensuite fait les beaux jours de Concarneau, Lorient, Chambly et du Red Star. Le milieu de 28 ans évolue désormais en Roumanie au Steaua Bucarest. Ce n'est pas une arrivée comme les autres (rires). La première fois où j'ai passé les tests, je suis tombé malade. J’ai essayé tant bien que mal et sans surprise, je n’ai pas été sélectionné. L’année suivante, j'ai de nouveau réalisé des essais et comme on était des petits, les coachs nous mettaient à différents postes et à un moment, l'un d'eux me place gardien. Après ça, j'ai demandé au coach si je pouvais sortir pour faire goal-volant. Il m'a dit oui et de là, j'ai pris le ballon, j'ai dribblé tout le monde et j'ai marqué. Naturellement, les détections se sont bien passées pour moi après et j’ai été pris. Mes années passées à l'académie ne sont que de bons souvenirs, des saisons inoubliables. À partir des U14/U15, tous les joueurs du centre de formation commencent à se voir pratiquement tous les jours. Je n’oublie pas aussi toute la génération 2005 et 2006 : Noah Lahmadi, Frédéric Efuele Ngoyala, Gaëtan Bakhouche, Mathis Saka, Jaydee Canvot… C’est là aussi où j’ai créé de vraies amitiés. Je pense notamment à Christian (Mawissa) qui évolue à Monaco aujourd’hui et à Guillaume (Restes). Depuis petit, nous ne nous sommes pas lâchés. On a vécu de très beaux moments, nul doute qu’il y aura toujours ce lien entre nous.Tu es originaire de la région parisienne, par quel biais es-tu arrivé en Occitanie ?
Qui t’a transmis cette passion, j’ai vu que tu avais un frère qui est lui aussi professionnel, c'est lui qui t’a donné envie de jouer au foot ?
Tu arrives au TéFéCé très jeune, à l’âge de 8 ans, quel est le contexte de ton arrivée au club ?
Quel souvenir gardes-tu de tes années passées à l’académie ?
Mes années passées à l'académie ne sont que de bons souvenirs, des saisons inoubliables.

Noah, (deuxième ligne à droite) alors en U10, aux côtés des autres Pitchouns Ylies Aradj (1er rang debout à gauche), Guillaume Restes (1er rang debout au milieu) et Christian Mawissa (1er rang debout à droite).
Avec l’équipe des moins de 17 ans, tu fais partie du titre de champion de France en 2022, ça a dû être exceptionnel de faire partie de cette aventure ?
C’était incroyable, avec en prime la victoire à la fin. C’était notre titre à nous, car il vient récompenser ce qui est fait quotidiennement au centre de formation. Dès le début de la saison, on s’était fixé l’objectif d'aller au moins jusqu’en playoffs. Finalement, on a gagné ce trophée avec une génération qui avait beaucoup de talents et Denis Zanko qui était notre coach à l’époque. Je me souviens d’Amadou Camara qui avait fait une énorme phase finale, qui était buteur contre le PSG en demi-finale et en finale face à l’AC Ajaccio. Il y avait notamment Mechack Niombo (HASK Zagreb), Ruben Beliandjou, Teddy Allemandou, Naïm Saïd Mchindra qui ont participé à cette épopée.
Quel est ton point de vue sur ton évolution de ton arrivée à aujourd'hui ?
De mon arrivée à huit ans à aujourd'hui, j’ai vécu des choses exceptionnelles. Il y a également eu des hauts et des bas. Je pense au titre de champion de France U17, aux gros matchs en U19 nationaux contre Monaco et Marseille, au tournoi de Sens en U14 qu’on avait gagné, au nombre de buts et de passes décisives. Les moments les plus compliqués étaient plus liés aux blessures. En raison de ma croissance, j'ai été victime d’un problème de dos qui m’a contraint à porter un corset et qui m’a éloigné des terrains pendant cinq mois. J’ai eu ensuite des séquelles de cette blessure durant presque un an. C’était frustrant, car je ne pouvais pas exploiter tout mon potentiel.
Souvent lors des pré-saisons, je reprenais systématiquement avec ma classe d’âge ou bien celle en dessous, car physiquement, je n’étais pas assez prêt.
En mars 2023, tu signes à 17 ans ton premier contrat professionnel, quel sentiment t’a traversé l’esprit à ce moment-là ?
C’était beaucoup de joie au moment où je l’ai su. J’ai eu ensuite énormément de fierté lors de la signature de mon premier contrat professionnel vis-à-vis de mes parents qui m’ont toujours soutenu, même dans les périodes compliquées. D’après mes anciens éducateurs, j’ai toujours eu du talent, mais physiquement, ça a toujours été difficile pour moi. Souvent lors des pré-saisons, je reprenais systématiquement avec ma classe d’âge ou bien celle en dessous, car physiquement, je n’étais pas assez prêt. Forcément, ça m’a fait un peu douter. Les coachs m’expliquaient que c’était dû au fait que j’étais trop fragile et que parfois je me blessais. C’était comme ça à chaque fois, il y a deux ans, j'avais entamé la saison avec les U19 alors que j’étais censé être dans le groupe réserve. Mais je me suis accroché, désormais je me suis étoffé et j’ai pris davantage de muscles grâce au travail que j’ai accompli. Tout ce parcours m’a forgé mentalement et m’a amené à signer.
Notre pitchoun Noah #Edjouma vient de signer son #PremierContratPro ✍️
— Toulouse FC (@ToulouseFC) March 16, 2023
Champion de France U17 avec les Violets en juin et buteur en novembre avec l'@equipedefrance 🇫🇷 U18 contre l'Italie, l'attaquant s'engage sur la durée avec son club formateur.
Bravo 👏😈 pic.twitter.com/VCldYUjkl5
Tu fais tes débuts avec les professionnels le 7 janvier 2024 en Coupe de France contre Chambéry, comment s’est déroulée cette première ?
Ce jour-là, le groupe était amoindri et j’ai senti que je pouvais avoir mes premières minutes. Étant donné qu’on affrontait une équipe de niveau National 3, je me suis dit que le coach allait sûrement faire tourner et c’est ce qui s’est produit. Lorsque je suis entré, à la 82ème minute, j’ai repensé à toutes ces années passées sous le maillot du TéFéCé depuis mes huit ans. En plus, le match était filmé, donc mes proches étaient devant la télé. C'était une grande fierté pour moi, une belle opportunité pour s'exprimer. Je n’avais pas forcément de pression, j'ai seulement fait ce que je savais faire. De mon point de vue, j’ai plutôt fait une bonne rentrée. J’aurais pu marquer, mais j’ai heurté la barre transversale et c’est Thijs (Dallinga) qui a ensuite bien fini l’action. Le coach était satisfait, nous avions gagné 3-0 et il y avait la qualification à la clé, c’était l’essentiel.

Tu es lancé en Ligue 1 en février 2025 contre Auxerre et tu finis par marquer le but égalisateur dans les dernières minutes, ce sont des débuts rêvés ?
Je ne pouvais pas espérer de meilleurs débuts. Cela faisait longtemps que j’attendais de faire mes débuts en championnat. Marquer sur mes premières minutes en Ligue 1 McDonald's, c'était magique. J’étais très heureux de permettre à l’équipe de ramener un point et d'inscrire ce but qui plus est à la fin du temps additionnel. Après mon but, j’ai célébré instinctivement en reprenant la couronne. Juste avant le match, j’avais vu Lebron James faire de même, donc ça m’a inspiré et je l’ai reproduite. Après le match, ma famille et tout mon entourage m’ont félicité et envoyé de la force, ça m’a fait très plaisir.
Tu n’as pas encore de titularisations avec les pros à ton actif, être aligné d'entrée de jeu fait partie de tes prochains objectifs à accomplir ?
Oui bien sûr, cela fait partie de mes futurs objectifs. Je travaille tous les jours pour aspirer à devenir titulaire. J’ai conscience qu’il y a des choses sur lesquelles je dois progresser, par exemple sur les retours défensifs ou l’intensité dans les courses, et il faut que je continue à m'étoffer physiquement. Quand je rentre, j’apporte de la fraîcheur, mais je me dois de maintenir ces efforts pendant au moins 60/70 minutes.
Depuis le match contre Guingamp en Coupe de France, tu es à chaque fois entré en jeu, ça te permet aussi de te montrer davantage, est-ce que tu étais préparé à ça ?
C’est vrai que depuis le match contre Guingamp, je suis toujours entré en cours de jeu. Je n’étais pas spécialement préparé à jouer autant, mais ça faisait partie de mes objectifs. À chaque fois, j'essaye de me donner à 100%. Le coach le voit et je pense que grâce à cette débauche d'énergie, il me récompense en me donnant quelques minutes lors des fins de matchs. J’ai aussi quelques apparitions sur le flanc droit de l’attaque, c’est là où je me sens le plus à l'aise.
Sur tes dernières apparitions, est-ce que ta performance face à Angers où tu es de nouveau buteur n’est pas la plus aboutie ?
À Angers, je me rappelle que sur mes premières touches de balle, j'étais très relâché, même si le score jouait en notre faveur. Je me sentais en confiance et ça s’est vu puisque j’ai marqué le quatrième but. C’était un match complet de ma part. J’ai bien respecté les consignes du coach qui nous avaient demandé de continuer à attaquer et ça a souri à l’équipe, donc tant mieux.
Comment t’encadrent tes coéquipiers sur le terrain, ça t’arrive de demander des conseils aux joueurs plus expérimentés ?
Contre Chambéry, Gaby (Suazo) qui était sur mon côté m’a beaucoup parlé. Il m'a conseillé sur mon positionnement et m’a dit de simplement jouer mon jeu. Autrement, j’ai aussi de très bonnes relations avec Aron (Donnum) quand j’évolue à droite et Rafik (Messali) avec qui j’ai des automatismes puisqu’on se côtoie depuis longtemps. Je demande des conseils à Djibril (Sidibé), il a beaucoup d’expérience et fait preuve de sagesse. Et enfin, il y a Yann. On a un style de jeu rapproché, donc je me retrouve beaucoup en lui à travers sa fougue et ses dribbles.
On te voit souvent aux côtés des autres Pitchouns comme Mathis, Jaydee ou Rafik par exemple, quelle est l’ambiance entre vous ?
Il y a une bonne relation entre tous les Pitchouns de l’équipe. On se pousse tous vers le haut. Il n'y en a aucun qui essaye de prendre la place de l’autre. On est tous ensemble, nous savons à quel point il est difficile de s’imposer dans un groupe professionnel et dans le onze de départ. Il faut prouver chaque jour, donc on s’entraide les uns avec les autres. Avec Mathis (Saka) et Guillaume (Restes), on a commencé ensemble et c’est super de se retrouver avec les professionnels.

Tu côtoies Jordan Galtier lors des séances spécifiques aux attaquants, quelle est ta relation avec lui ?
Jordan (Galtier) est une très bonne personne. Il m’encadre très bien, que ce soit avec moi, mais avec tous les Pitchouns. Il a la faculté de parler trois langues, donc il nous sert de relais aussi pour favoriser les échanges avec les autres joueurs de l’équipe. Jo’ me donne beaucoup de conseils et m’aide surtout sur l’aspect mental. Sur tout ce qu’il y a autour du football, il m'aiguille comme il faut sur le bon comportement à adopter.
Un mot sur la sélection ?
C’est un réel plaisir pour moi de représenter l'équipe de France. J’ai commencé à aller en sélection d’abord avec les U18, puis j’ai enchaîné derrière avec les U20. Sur tous les rassemblements que j’ai pu faire, ça se passe toujours très bien. La majorité du groupe a fait partie de l’épopée lorsque les U17 ont été champions d’Europe. La saison prochaine j’espère avoir l'opportunité de découvrir l’Équipe de France Espoirs.
J’ai à cœur d’aider l’équipe en essayant d'être décisif.
Quelles sont tes ambitions pour cette fin de saison et sous le maillot toulousain ?
J’espère qu’on va finir le plus haut possible au classement, en gagnant un maximum de matchs. Je vais continuer à travailler pour chercher une place de titulaire et j’ai à cœur d’aider l’équipe en essayant d'être décisif. Ce week-end, nous recevons Lille (ndlr : samedi 12 avril à 19h00 au Stadium), c’est une très bonne équipe qui a joué la Ligue des Champions et qui a fait un beau parcours. On va tout faire pour remporter ces trois points !
Merci Noah !
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